Communiqué du Collectif communiste Polex
Non au consensus pro-impérialiste
Depuis maintenant plusieurs mois, l’impérialisme occidental, États-Unis en tête, avec Sarkozy-Juppé et l’émir du Qatar en brillants seconds, cherche à renverser au profit de ses protégés le gouvernement de la Syrie, selon le procédé qui a été mis en œuvre en Libye (insurrection armée, intervention étrangère à prétexte humanitaire, et conquête).
Ceux d’entre nous qui combattent l’impérialisme depuis longtemps, et qui restent fidèles aux idéaux de paix et d’égalité entre les peuples, répètent que toute intervention extérieure dans la guerre civile en Syrie est inacceptable et irresponsable.
C’est pourquoi nous avons été choqués de voir un appel à manifester à Paris en faveur des opposants syriens, et contre le seul gouvernement syrien, qualifié de criminel et sommé de laisser la place à ses adversaires. Mais notre étonnement a fait place à l’indignation en voyant l’incroyable panel unanime des signataires : aux côtés d’opposants syriens, le Parti Socialiste, en toute logique puisqu’il a approuvé la guerre de l’OTAN en Libye, mais aussi le NPA, le Mouvement de la Paix, la CGT, la FSU et le PCF ! Il ne manque à ce consensus pro-impérialiste, alors qu’Obama et Juppé-Sarkozy envisagent une intervention « humanitaire », que la signature de l’UMP, que les précédents n’ont pas voulue.
Camarades et amis, qui pensez être progressistes, interrogez-vous ! Quand on ne fait que répéter ce que disent nos adversaires politiques, n’est-il pas temps de se poser des questions ?
· Le régime du Baath en Syrie est de nature autoritaire, et ses opposants, de gauche et de droite, en ont subi le poids depuis longtemps.
Ÿ Mais pourquoi ne dites-vous pas qu’il est aussi au Moyen-Orient un système à peu près laïque, protecteur des diverses communautés du pays, par exemple, des minorités chrétiennes, persécutées dans l’Irak voisin « libéré » par l’Occident, et opposé à l’impérialisme israélien ?
Ÿ Pourquoi ne dites-vous pas que les seules « informations » ressassées par les télévisions françaises sur ce qui se passe en Syrie émanent des insurgés antigouvernementaux, alors qu’on ne croit jamais les foules impressionnantes qui manifestent en faveur du gouvernement Assad ?
Ÿ Pourquoi cachez-vous qu’il s’agit d’une insurrection armée contre le régime, et que si l’armée syrienne officielle bombarde sans états d’âme certains quartiers urbains, c’est parce qu’ils abritent les miliciens de l’« Armée syrienne libre », largement financés et armés par les dirigeants « pétroliers » et intégristes du Qatar et d’Arabie Saoudite, et protégés par la Turquie voisine ?
Ÿ Pourquoi ne pas dire que ces insurgés de l’ASL, qui se vantent d’avoir 40.000 hommes en armes sous leurs ordres, multiplient contre les forces fidèles au gouvernement les tirs de rockets, d’armes lourdes et les attentats meurtriers à l’explosif ?
Ÿ Pourquoi cacher que le gouvernement Assad ne peut que riposter par les armes à des insurgés en armes ? ou céder la place alors qu’une bonne partie de la population le soutient ?
Ÿ Pourquoi ne pas dire que le gouvernement syrien accepterait de négocier les contours d’une évolution du régime si ses opposants acceptaient de cesser leurs actions armées ?
Ÿ Pourquoi cacher que cette insurrection armée est surtout le fait de salafistes, dont le seul mot d’ordre quand on les filme est « Allah Akbar » ?
Ÿ Pourquoi enfin ne pas dire que l’autoritarisme de Bachar al-Assad n’a jamais empêché depuis des années les puissances occidentales de le courtiser, comme ils le firent avec Kadhafi, avant de le tuer ? Pourquoi cacher que le seul objectif des USA et ses alliés d’Europe et d’Arabie est d’installer à Damas un gouvernement pro-occidental, allié d’Israël contre les Palestiniens et l’Iran, et qu’il serait dirigé par des intégristes comme ceux installés avec la bénédiction de l’Occident en Tunisie, en Égypte, au Maroc, en Libye, voire en Irak ? Pourquoi cacher que l’impérialisme occidental, en cette affaire, se préoccupe peu des droits de l’homme et de la femme, et voler naïvement à son secours ?
Paris, le 10 février 2012